Le secteur bancaire en Afrique francophone connaît une mutation profonde, portée par l’innovation technologique, la montée en puissance des solutions digitales et l’évolution des besoins des clients, tendant vers une expérience utilisateur fluide et omnicanale (mobile, agences, plateformes digitales). Dans ce contexte, le Maroc s’impose comme un acteur de référence et se positionne comme un véritable hub pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, conciliant investissements stratégiques, ouverture à l’innovation et adoption progressive des standards internationaux en matière de sécurité et de conformité. Dans ce cadre la Banque Al-Maghrib joue un rôle central dans la modernisation du système de paiement et la régulation des services digitaux (paiements mobiles, open banking dans un futur proche).
Alors que le Maroc atteint un taux de bancarisation de 58 % des adultes à fin 2024, avec plus de 15,4 millions de Marocains disposant d’un compte bancaire actif, le constat diffère en Afrique francophone subsaharienne. Au Sénégal, le taux de bancarisation strict (c’est-à-dire le pourcentage d’adultes ayant un compte bancaire dans le sens traditionnel) n’a atteint que 22,39 % en 2023. (Sources : Médias24, Tech Startups Sénégal Afrique)
Le marché du paiement et de la banque du quotidien reste dominé par les acteurs fintechs (Jamo en Côte d’Ivoire) et portefeuille de monnaie électronique (Orange Money, Moov). C’est dans ce contexte que la BCEAO a émis en 2025 sa nouvelle directive sur les paiements préparant le terrain pour la mise en place du paiement instantané et de masse, dans la continuité de ce que le Maroc a lancé avec succès en 2023.
Innovation et investissements : un levier de compétitivité
Les banques marocaines investissent massivement dans la modernisation de leurs systèmes d’information et le déploiement de plateformes digitales.
L’innovation ne se limite plus à l’amélioration des services traditionnels, elle devient un véritable levier de compétitivité et de différenciation.
Les partenariats avec les fintechs, l’intégration de solutions cloud et le développement d’applications mobiles renforcent l’inclusion financière et élargissent la portée des services bancaires.
Paiements mobiles : catalyseurs de l’inclusion financière
L’essor du mobile money et des portefeuilles électroniques transforme le paysage des paiements. Au Maroc, la généralisation du paiement mobile s’appuie sur une réglementation favorable et une forte adoption par les consommateurs. Cette dynamique permet de répondre à un double enjeu : fluidifier les transactions du quotidien et élargir l’accès aux services financiers à des populations encore partiellement exclues du système bancaire traditionnel.
Sécurité et compliance : des priorités stratégiques
Face à l’accélération de la digitalisation, les banques doivent renforcer leurs dispositifs de cybersécurité et de conformité. Les banques de la région sont malheureusement la cible de cyber-attaques régulières.
Le respect des réglementations locales et internationales (lutte contre le blanchiment, protection des données, sécurité des paiements) est devenu incontournable. La confiance des clients repose sur la capacité des institutions à sécuriser leurs données et à anticiper les menaces cybernétiques.
Intelligence artificielle et data : vers une personnalisation accrue
L’IA et l’exploitation des données de masse ouvrent de nouvelles perspectives en matière de relation client et d’efficacité opérationnelle. Analyse prédictive, automatisation des processus, scoring intelligent et chatbots sont autant d’applications qui transforment l’expérience bancaire. Le Maroc commence à intégrer ces technologies dans des approches centrées sur le client, tout en restant attentif aux enjeux éthiques et réglementaires. Un enjeu majeur pour les banques africaines qui gravitent dans des marchés à forte croissance de population, avec des volumétries d’opérations importantes et des marges faibles. Le Produit Net Bancaire (PNB) annuel moyen par client se situe entre 20 et 30€ sur des populations faiblement bancarisées du continent africain contre 130-150€ en France. (Sources : Fondation Grameen, Crédit Agricole, Financial Afrik). L’IA doit permettre d’automatiser nombre d’activités chronophages, telles que la vérification d’identité et justification de domicile dans les processus d’entrée en relation ou la détection et investigations de transactions suspectes.
Connectivité et infrastructures : un socle indispensable
Le développement des services digitaux bancaires repose sur l’essor de la connectivité et des infrastructures technologiques. L’amélioration des réseaux internet, la diffusion de la 4G/5G et la baisse des coûts d’accès constituent des prérequis pour une adoption massive. Le Maroc, avec son rôle de hub régional, investit dans ces infrastructures afin de soutenir l’écosystème financier et favoriser l’interopérabilité des solutions. Ceci vaut également pour le choix de solutions technologiques destinées à standardiser, optimiser et automatiser les processus bancaires :
La mise en place d’un socle robuste, combiné à une flexibilité d’évolution permanente, constitue un facteur critique de résilience et de pérennité pour les établissements financiers.
La transformation numérique du secteur bancaire en Afrique francophone, avec le Maroc en fer de lance, s’affirme comme un vecteur de croissance, d’innovation et d’inclusion. L’équilibre entre innovation technologique, exigences réglementaires et sécurité sera déterminant pour façonner un modèle bancaire résilient et adapté aux besoins des clients de demain.
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Alexandre PATROUILLAULT
Sales Manager France, ERI
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